Extrait de LA MORT A VENISE
Gustav von Aschenbach était de taille un peu au-dessous de la moyenne,
brun, le visage entièrement rasé. Sa tête paraissait assez forte par
rapport au corps plutôt délicat. Ses cheveux ramené en arrière,
clairsemés au sommet de la tête, drus et grisonnants aux tempes,
encadraient un front haut, raviné et que l'on eût dit couvert de
cicatrices. Le ressort doré de verres non cerclés entaillait à la
racine un nez aquilin et ramassé. Ses lèvres à l'ordinaire se
fermaient mollement, ou bien elles se contractaient, rétrécissant
soudain la bouche, qu'il avait assez grande; ses joues maigres étaient
creusés de sillons et à son menton bien fait on voyait une fossette.
On eût dit que le destin dans de graves occasion avait laissé sa
griffe sur cette physionomie volontiers inclinée avec une expression de
souffrance, alors qu'elle ne devait qu'à l'art un modelé qui tient
ordinairement aux péripéties d'une existence agitée.
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