En 1870

(La plus ancienne photo de la

maison)

La

"MAISON des BUDDENBROOK"

En 1942

Thomas et Kathia, à Lübeck, en 1955

                                

 

  La maison dite "des Buddenbbrook" - depuis l'époque de la publication du roman, tant celui-ci eut de succès et de retentissement - est en fait une des très anciennes demeures de Lübeck, construite durant la seconde moitié du XVIIIe pour le compte d'une riche famille de négociants, les Croll, avant d'être rachetée en 1841 par le grand-père de Thomas, le consul Johann Siegmund Mann.

  Thomas Mann y passera une partie de son enfance, avant de partir à Munich, à la suite du décès de son père. En 1942, elle sera presque totalement détruite, lors des bombardements que la ville a à subir. Seule sa façade subsistera et sera par la suite restaurée.

  Aujourd'hui, le 4 de la Mengstrasse est occupée par une banque.

  Si, dans Les Buddenbrook, la maison de la Mengstrasse occupe une place centrale, on en retrouve "l'ombre portée", en quelque sorte, dans d'autres oeuvres de Thomas Mann, notamment dans Le Paillasse, dans Tonio Kröger, dans Tristan et jusque dans Le Dr Faustus - comme si, au fond de lui-même, l'écrivain y était resté pour ainsi dire à demeure jusqu'à la fin de sa vie...

   

 

Les Bureaux

Arrivée à l'«Hôtel Buddenbrook»

Extérieur et bureaux

Extrait des Buddenbrook - 3ème partie - chapitre 13

  L'équipage tourna dans la Mengstrasse et les robustes bais s'arrêtèrent, fumants et piaffants, devant l'hôtel Buddenbrook. Tom, empressé, aida sa soeur à descendre, tandis qu'Antoine et Line accouraient pour déboucler et emporter la malle. Mais il fallut attendre avant de pénétrer dans la maison.

  Trois puissants camions s'engouffraient justement à la file sous le portail, chargés d'une montagne de sacs de grains sur lesquels on lisait, en larges lettres noires, la raison sociale "Johann Buddenbrook". Dans un vacarme qui éveillait de sourds échos, ils traversèrent,n cahotants, la grande allée et descendirent la rampe aux degrés places qui menait vers la cours.

  Une partie du grain allait être, sans doute, déchargée dans les remises, et le reste transporté vers La Baleine, le Lion ou Le Chêne...

  Le consul, la plume fichée derrière l'oreille, sortit du bureau dès que le frère et la soeur entrèrent dans l'allée et ouvrit les bras à sa fille.

  - Sois la bienvenue à la maison, ma chère Tony!

La "Salle des dieux"

La "Götterzimmer"

Extrait des Buddenbrook - Ière partie - chapitre 3

  Le consul dissimula le papier dans sa poche intérieure, offrit le bras à sa mère et ils franchirent ensemble le seuil de la salle à manger brillamment illuminée, où la société achevait à ce moment même de se placer autour de la longue table.

  Sur le fond bleu cile des tapisseries, de blanches divinités surgissaient, sculpturales, entre de sveltes colonnes. Les lourds rideaux rouges des fenêtres étaient tirés; aux angles de la pièce, dans de hautes torchères d'or, brûlaient huit bougies, outre celles des flambeaux d'argent qui éclairaient la table. Au-dessus du buffet massif qui faisait face au salon des paysages, était accroché un tableau de grandes dimensions : un golfe italien dont la tonalité, d'un bleu vaporeux, était, dans cette lumière, d'un effet extraordinaire. D'imposants sofas au dossier raide, tendus de damas rouge, couraient le long des murs...

 

Le "Salon des paysages"

La "Landschaftszimmer"

Extrait des Buddenbrook - Ière partie - chapitre 1

  On s'était réuni dans le "salon des paysages", au premier étage de l'antique et spacieux hôtel que la maison Johann Buddenbrook venait d'acquérir dans la Mengstrasse et que la famille occupait depuis peu. Les tapisseries solides et souples, séparées des murs par un espace vide, représentaient de vaste paysages aux couleurs tendres, comme le mince tapis qui revêtait le sol, des idylles dans le goût du XVIIe siècle : joyeux vignerons, laboureurs diligents, bergères joliment enrubannées qui, penchées sur le miroir de l'onde, tenaient sur leurs genoux des agneaux bien peignés ou échangeaient des baisers avec de galants bergers... Des soleils couchants où dominaient les ors baignaient la plupart de ces paysages, s'harmonisant ainsi avec l'atoffe des meubles laqués de blanc et les rideaux de soie des fenêtres.

  Le nombre des meubles n'était pas en rapport avec les dimensions de la pièces. La table ronde aux pieds minces et droits rehaussés de légers filets d'or n'était pas placée devant le canapé, mais contre le mur opposé, vis-à-vis du petit harmonium dont le couvercle supportait un étui à flûte. Outre les rigides fauteuils distribués régulièrement le long des cloisons, il n'y avait qu'une petite table à ouvragez près d'une fenêtre et, en face du canapé, un fragile secrétaire de luxe chargé de bibelots.

  Par une porte vitrée, face aux fenêtres, on pouvait deviner, dans la pénombre, une galerie à colonnes, tandis qu'à gauche de l'entrée s'ouvrait la haute porte blanche à deux battants de la salle à manger. A l'opposé, dans une niche demi-circulaire et derrière une porte de luisante ferronnerie, ajourée avec art, le poêle pétillait.

Extrait du Dr Faustus - chapitre 3

  C'était un coin paisible, éloigné du centre commercial de Kaisersaschern, de la rue du Marché, de la rue des Épiciers, une ruelle tortueuse sans trottoirs, proche de la cathédrale, et où la maison de Nikolas Leverkühn faisait figure imposante. Cette demeure bourgeoise du XVIe siècle, à trois étages, sans compter les mansardes du toit à pignon, avait déjà appartenu à l'aïeul de l'actuel propriétaire. Il y avait cinq fenêtre de façade au premier, au-dessus de la porte d'entrée, et quatre, pourvues de volets, au second où se trouvaient les pièces d'habitation; à l'extérieur, à partir du soubassement sans ornement ni badigeon, commençait une décoration de boiseries. Comme l'escalier ne s'élargissait qu'après le aplier du demi-étage, situé assez haut au-dessus du vestibule de pierre, visiteurs et clients (et il en venait beaucoup de Halle, même de Leipzig), n'accédaient pas aisément au magasin d'instruments qui, je m'empresse de l'ajouter, dédommageait des difficultés de l'ascension.

La "Maison des Buddenbrook" aujourd'hui